samedi 22 mars 2014

Littérature espagnole (catalane)

Confiteor de Jaume Cabré, Actes Sud, septembre 2013

Barcelone années cinquante, le jeune Adriá grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adriá tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale.


Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans Dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain – à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.

« Au lecteur si respecté, tutoyé, vouvoyé ou télépathiquement invoqué, dont la concentration est requise et récompensée à chaque instant : pour se permettre de passer avec une telle dextérité (au sein même d'une seule phrase , parfois !) d'une époque à l'autre, d'un récit à l'autre, il faut une complicité littéraire forte avec les yeux qui vous parcourent, et Jaume Cabré le crée sans tapage, faisant jaillir en soi ce qu'il y a de plus lumineux et de plus perspicace.Une belle définition de Confiteor, roman inépuisable de presque huit cents pages, qui donne l'enivrante impression, comme le confesse son héros à la fin de sa vie, de n'avoir pas dit la moitié de ce qu'il avait en tête. »
Marine Landrot, Télérama
 « Roman philosophique, roman aux maintes voix de l'histoire douloureuse, roman d'amour d'un enfant mal aimé, roman du mal et du pardon, cet immense roman de la mémoire du monde est porté par une érudition joyeuse et un souffle puissant. Une révélation ! »
Hervé Bertho, Ouest France

Pour plus de renseignements sur le roman et sur l'auteur (photos, interviews), suivre ce lien.

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